Fonds Ducreux-Seter-Barraco

Vue d’une partie du fonds Ducreux-Seter-Barraco. Paris, 19 novembre 2024.

Historique du fonds d’archives

Le fonds d’archives « Ducreux-Seter-Barraco » provient des grands-parents maternels de Bruno Barraco, employé à la retraite. Né à Paris le 17 juillet 1955, il est le petit-fils d’Eugène Jean-Baptiste Ducreux (1873-1926) et de Georgette Seter (1903-1986), ainsi que le fils de Paulette Ducreux (1923-2002) et d’Albert Barraco (1915-1974).

Au décès de Georgette Seter (1986), Paulette Ducreux récupéra les archives familiales. Toutefois, selon elle, le fonds aurait été expurgé une première fois en 1944-1945, à la clôture de la succession : une partie de son héritage, maladroitement placé, aurait alors été utilisée pour éponger les dettes contractées par le second mari de Georgette Seter, Jules François Mittard, qui s’était porté caution solidaire de Louis Dubost[1]. Une seconde coupe aurait été faite au moment de leur retour en France, en 1947, après l’occupation japonaise (1941-1945) et en pleine guerre d’Indochine (1945-1954). Conservées dans une caisse, les archives dont elle hérita sont restées dans sa cave jusqu’à la vente de son appartement en 2012. Bruno Barraco en hérita à ce moment-là. Souhaitant qu’elles puissent être classées et valorisées dans le cadre d’un travail scientifique, il décida de les confier à l’AECV en 2024.

Le fonds « Ducreux-Seter-Barraco » est actuellement (janvier 2025) en cours de récolement. La présente notice est temporaire et sera bientôt remplacée par un historique plus complet, accompagné d’un inventaire détaillé du fonds.

À ce stade, il apparaît que les archives composant le fonds commencent à la fin du XIXe siècle et s’étendent jusqu’au milieu des années 1970, au moment du règlement du solde des dommages de guerre – réparti en parts égales entre la fille d’Eugène Ducreux (Paulette) et les enfants issus du second mariage de Georgette Seter (Claude, Thérèse, Georges et Marie-Thérèse Mittard). S’y trouvent principalement : des dossiers administratifs d’entreprises minières établies au Tonkin, des comptes-rendus de prospection minière, de comptabilité et des correspondances se rapportant à l’exploitation desdites entreprises minières. S’y ajoutent des témoignages de première main au sujet de l’occupation japonaise, des livres de comptes et divers documents financiers, des fascicules, de nombreuses cartes, croquis et calques et quelques photographiques originales.

Quatre périodes peuvent être distinguées :

Transfert du fonds Ducreux-Seter-Barraco. Paris, 19 novembre 2024.

Biographies

Eugène Jean-Baptiste DUCREUX. Né le 15 avril 1873 à Meilly-sur-Rouvres (Côte d’Or). Commerçant, négociant, entrepreneur, aventurier et probablement franc-maçon. Il s’établit au Tonkin à la toute fin du XIXe siècle[1]. Ses affaires se portent vers les transports puis vers l’industrie minière. En 1902, il reprend notamment l’entreprise Girard pour les transports militaires et administratifs de Đáp Cầu à Chợ Mới[2]. En 1913, il fonde la Société civile des mines d’étain et wolfram de Pia-Ouac Est, dite Houillères de la Rivière Noire (mine de Sui Hoa)[3]. En 1914, il est rappelé en Europe pour participer à la Grande Guerre. Il retourne en Indochine quelques années plus tard pour reprendre ses affaires minières, entre 1919 et 1921 (date exacte inconnue). Il décède le 8 juin 1926, quelques jours après s’être marié. ll est décrit dans l’Avenir du Tonkin (10 juin 1926) comme « un ancien Tonkinois très estimé et qui fut toute sa vie un rude travailleur ».

Eugène Jean-Baptiste Ducreux sur le site d’une des mines dont il était propriétaire. Tonkin, non datée. AECV, fonds Bruno Barraco.

Georgette SETER. Née le 11 juin 1903 à Sơn Tây. Eurasienne, elle est, selon la légende familiale, issue de l’union entre la fille du dernier mandarin de Lào Cai et un officier légionnaire français, le capitaine Seter – dont ne sait rien d’autre que sa mort au Maroc, en 1904, au service de la République[4]. Eugène Ducreux, déjà père d’un garçon nommé Paul, né à Nam Kep, district de Nguyên Bính, province de Cao Bằng le 9 mai 1914, la recueille à l’orphelinat et l’épouse le 1er juin 1926, une semaine avant de mourir à Hanoi.

Le couple avait une fille de trois ans : Paulette DUCREUX, mère de Bruno Barraco, née le 26 décembre 1923 à Phú Xá, dans la province de Hà Đông.

Portrait de Georgette Seter. Courtoisie de Bruno Barraco.

Jules-François-Eugène MITTARD, inventeur et administrateur. Né le 24 novembre 1881 à Bulgnéville (Vosges). Marié de 18 février 1914 à Saint-Privat (Ardèche) avec Germaine-Marie-Sophie Fumat, décédée à Hanoi le 21 janvier 1922. Dont : Jean-Victor, décédé à Hanoi en 1937 à l’âge de 22 ans ; Anne-Marie (1916) ; Jacques (1918-2006) ; et François (Saint-Privat, 31 mars 1921-2003). Remarié le 19 septembre 1927 à Hanoi avec Georgette Seter, veuve de l’exploitant minier Eugène Ducreux avec lequel elle avait eu une fille, Paulette (1923-2002). Dont : Claude (Alès, 2 avril 1928) ; Thérèse (1931-1935) ; Georges (Neuilly-sur-Seine, 18 nov. 1933) et Marie-Thérèse (Hanoi, 23 janvier 1941). Major du concours d’entrée de l’École des maîtres ouvriers mineurs d’Alais (1904). Diplômé (JORF, 6 janvier 1907). Ingénieur en chef des exploitations aurifères de la Compagnie lyonnaise de Madagascar. Nommé sur titres contrôleur des Mines de l’Indochine (1909). Directeur des Mines de zinc de Cho-Dien (1912). Directeur technique de la Société française de colonisation de l’Annam-Tonkin (1919) : exploitation des Charbonnages de Ninh Binh. Prospections minières au Tonkin et au Laos (1921-1927). Administrateur de la Société pour le recouvrement de la redevance due à M. Dubost par la Société des Étains de l’Indo-Chine (nov. 1927), de la Société coloniale de Mines (oct. 1928), de la Compagnie indochinoise des mines (déc. 1928), des Mines d’or de Nam-Kok (mars 1929), et des Étains de Pia-Ouac (1930). Géomètre expert (décret du 20 août 1936). Expert auprès du tribunal de Hanoi (L’Avenir du Tonkin, 12 mars 1937). Exploitant des mines de Son Dong (Thanh Hóa), au nom de son épouse : environ 25 000 tonnes de fer extraits de 1937 à 1939, envoyées par chemin de fer jusqu’à Nam Định, par jonques jusqu’à Haiphong et par bateaux jusqu’au Japon. Exploitant, avec son fils Jacques, des mines de Xa Loung, province de Thái Nguyên (nov. 1940-9 mars 1945) : 150 ouvriers, 20 000 tonnes de minerais riches en plomb et zinc exportées vers le Japon. Quitte le Nord Việt Nam le 28 février 1947. S’établit à Neuilly-sur-Seine. Administrateur de la Société minière du Djebel Felten. Abandonna cette fonction pour cause de perte de la vue. Président de l’Association des anciens élèves de l’École des maîtres-ouvriers mineurs d’Alais (1930-1932) : en parraine la transformation en École technique des mines d’Alès. Son nom est donné à la promotion 1965 de l’école. Source : https://www.entreprises-coloniales.fr

Louis Eugène DUBOST (Saint-Amand, Cher, 11 mai 1883-décédé en 1974). Sous-lieutenant dans le Génie (1897), admis à Polytechnique (1903), chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire (JORF, 5 janvier 1915), affecté en Indochine (fév. 1919), un temps détaché à la direction des services économiques (1923), puis prospecteur minier (charbon, étain, pétrole, etc.) : il fait apport de ses droits à la Compagnie des charbons de l’Indochine (1924), aux Étains de l’Indochine (oct. 1926), aux Étains du Cammon, dont il devient administrateur (1927). Fondateur de deux S.A. pour le recouvrement des redevances minières (1927), acquéreur à 50/50 avec Adolphe Lezer des vapeurs Francis-Garnier et Commandant Henri Rivière (printemps 1928), administrateur de l’Union minière indochinoise (août 1928), de la Compagnie indochinoise de mines (jan. 1929), de la Société des mines d’or de Nam-Kok et de la Société coloniale de Mines (été 1929), ainsi que de la Société des transports automobiles indochinois (concessionnaire Renault à Haiphong et Hanoi). Source : https://www.entreprises-coloniales.fr


[1] Arrivé au port de Haiphong, depuis Marseille, sur la Tamise, le 11 novembre 1898. L’Avenir du Tonkin, 14 novembre 1898.

[2] L’Avenir du Tonkin, 11 mai 1902.

[3] Toutes ses activités et possessions sont détaillées dans l’état liquidatif de la communauté Ducreux-Seter.

[4] Georges Mittard (en collaboration avec Anne-Yvonne Follio), Itinéraire d’un quarteron, Scripta, 2008, 149 p.

Exemple de photographies du fonds Ducreux-Seter-Barraco. Paris, 19 novembre 2024.